Ce jeune chasseur, qui, je l'admets, portait mes préjugés avec lui, m'indiqua un chemin d'un ton simple : "Un
peu plus loin, tourne à gauche, va au bout. Ils sont là." "Sympa", me suis-je dit. J'avance discrètement, et là, presque rien. Juste une chevrette allongée au milieu d'une prairie
en légère pente. Le temps passe, les minutes deviennent des heures. Rien, ou presque. Puis une biche sort du bois, suivie d'une autre. À ce moment-là, je commence à me dire que la
patience a porté ses fruits. Des daguets, reconnaissables à leurs jeunes bois, apparaissent ensuite. Pour une première sortie, je pensais avoir déjà bien assez de chance. Mais la
nature me réservait encore bien plus.
Je ne l'avais pas vu. À l'orée du bois, un cerf, immense à mes yeux, faisait son entrée. Calme, serein, il
observait la prairie, humait l'air, puis s'approchait pour commencer sa parade. Un rêve, mais bien réel. Comment était-il possible que, dès ma première sortie, je sois témoin de
cela ? Et ce n'était pas tout. Je resterais là jusqu'à la tombée de la nuit.
Un autre cerf, resté dans l'ombre du bois, faisait retentir son brame dans toute la vallée. Peu de temps
après, lui aussi s'avançait, à seulement quelques dizaines de mètres de mon objectif. Le calme apparent allait bientôt laisser place à un spectacle
inoubliable.
Ces deux géants allaient revendiquer leur territoire, leur domination. Leur brame, profond, résonnait dans
l'air, un son que je n'oublierai jamais. Je ne le savais pas encore, mais un seul d'entre eux resterait.
Face à face, ils se jaugeaient, frottant frénétiquement leurs bois contre le sol, bramant de toutes leurs
forces. Un moment de flottement... Que se passait-il ? Puis, comme un calme étrange avant la tempête, ils reprirent leur souffle, une certaine sérénité.
Ils
bougèrent, se déplaçant plus en hauteur, comme pour aller sur un ring. Tout se passait dans une tension maîtrisée, comme si ce duel était inévitable. Ils devaient s'affronter,
prouver aux biches leur supériorité génétique. Toujours dans ce calme olympien, ils s'arrêtèrent, se firent face, frottèrent une dernière fois leurs bois. Puis, sans un bruit,
l'affrontement éclata. Les bois s'entrechoquaient dans un fracas impressionnant, leurs corps se repoussaient avec une force brute. C'était une démonstration de puissance, mais à
mes yeux, cela avait une forme de beauté.
Sacha (vendredi, 12 septembre 2025 19:21)
Magnifique